« La poésie sous toutes ses formes »

par Julie Saint Hillier · Publié 14 mars, 2019 · Mis à jour 18 mars, 2019

À l’occasion du Printemps des Poètes, deux ateliers « la poésie sous toutes ses formes » ont eu lieu à Besançon et à Morteau les 6 et 13 Mars 2019.

Ils ont été l’occasion de découvrir des pratiques poétiques libérées des carcans de la récitation et du cahier d’écolier. Grâce aux pratiques oulipiennes de l’écriture à contraintes et aux usages numériques de la poésie, ce printemps les enseignants comme les élèves du premier et du second degrés se découvrent poètes.

Le Printemps des Poètes, créé en 1999, cherche à démocratiser toute pratique poétique hors les murs et dans notre quotidien : « dans les librairies, à la radio, dans le métro, dans les hôpitaux, dans les bibliothèques, les écoles, les théâtres, les jardins, les gares et jusque dans les prisons ; c’est l’honneur de sa mission », précise le ministre de la culture.

Pour son édition 2019, le Printemps des Poètes célèbre la Beauté, et emprunte les mots de Paul Eluard :

Il fait de plus en plus beau nuit et jour

Et pour se remémorer leurs premiers émois poétiques et échanger autour de leurs pratiques actuelles, les participants choisissent d’abord une citation, un extrait de poésie classique. Ce choix est libre et se fait pour la thématique du poème, pour sa musique, pour son auteur, ou tout à fait par hasard. On discute nos choix. Qui sont encore Hugo, Baudelaire ou Prévert dans nos quotidiens ?

Après une présentation des différents projets poétiques menés en établissements scolaires (La Brigade d’Intervention Poétique qui offre des lectures et des déclamations, la chasse aux mots, l’affichage de poésie dans les rues, ou encore les vitraux et escaliers poétiques dans les écoles, collèges et lycées), les participants se mettent à l’œuvre pour inventer à leur tour une pratique poétique hors cadre. Pour les aider, des contraintes de durée, de public, de situation, de but et de lieu sont tirées au sort, à la manière du Poker Design.

Les participants imaginent en quelques minutes des projets de chaises musicales poétiques, de cartes postales revisitées, des « humeurs du jour » poétiques, de déclamations dans les haut-parleurs, de poétisation des halls d’immeubles, etc. On découvre alors que la contrainte porte mal son nom car elle libère la créativité !

Les classes de cycle 2 jusqu’au lycée qui participent sur Twitter au Twoulipo en offrent une belle illustration : chaque semaine des concours de création poétique à contraintes sont proposés aux classes. Calligramme, lipogramme, acrostiche, tautogramme, etc. sont autant de contraintes d’écriture permettant de vraies créations, avec un prix remis chaque semaine à la plus réussie, étonnante ou amusante.

Libérer la plume passe aussi par l’interprétation libre d’images évocatrices et oniriques. À partir de photographies de cabanes, les participants rédigent alors de courtes strophes inspirées par ces lieux secrets, des dialogues imaginaires ou encore des Haïku. Les publics adultes et enfantins se retrouvent pour rêver de cachettes et de cocons. Le procédé fonctionne également avec les très belles illustrations du jeu Dixit, propices à la rêverie.

Les intervenantes rappellent ensuite que la poésie est un jeu de langage, un pas de côté sur des chemins de traverses, en dehors des codes rigides de l’usage correct ou scolaire de la langue.
Nul mot n’est une île. La création de nuage de mots ou la manipulation de la proxémie – outil de mise en réseau des mots, sur le CNRTL en ligne, travaille à concevoir les pièces de l’immense puzzle qu’est la langue, objet polymorphe et manipulable.

Et pour jouer encore et s’émerveiller de l’absurdité des discours, le cadavre exquis – cette écriture collective, réjouissante et hasardeuse – a désormais sa version numérique. Codage et jeu de langage font alors bon ménage.
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